1 – Les temps de l’hiver en MTC
立冬 (Lì Dōng) : commencement de lʼhiver, le 7 novembre
小雪 (Xiǎo Xuě) : petite neige, le 22 novembre
大雪 (Dà Xuě) : grande neige, le 7 décembre
冬至 (Dōng Zhì) : solstice dʼhiver, le 21 décembre
小寒 (Xiǎo Hán) : petit froid, le 5 janvier 2022
大寒 (Dà Hán) : grand froid, le 20 janvier 2022
立春 (Lì Chūn) : début du printemps, le 3 février
2 – La symbolique de l’hiver
L’hiver est à la fin du cycle des saisons, il exprime la manifestation du Yin maximum et du yang minimum., caractérisé par les phénomènes d’intériorité et d’involution, avant le renouveau du printemps.
Dans le calendrier chinois, cette saison de trois mois a commencé début novembre, et a atteint son apogée quelques jours avant Noël (au solstice dʼhiver du 21 décembre). Cette période se caractérise par des nuits plus longues que les jours. Nous nous réveillons avant le lever du soleil, et nous rentrons à la maison bien après qu’il soit couché. Les jours commenceront à sʼallonger à partir de fin décembre, et lʼhiver se poursuivra alors dans une phase plus yang, jusqu’au début de février où le printemps prendra la relève.
Ces 3 mois d’hiver devraient être un temps pour l’intériorité, la méditation, le repos et la lenteur.
Dans l’idéal, ralentir en est le maître mot de cette saison. C’est le moment de mettre le corps au repos, autant que possible. Et même si la vie économique sociale de nos pays occidentaux ne nous permet pas d’envisager une hibernation, limitez vos sorties le soir, et privilégiez l’intimité et l’intériorité, installez-vous au coin du feu avec un bon livre ou une musique douce, et une boisson chaude à la cannelle…Prenez soin de votre sommeil, afin d’économiser et de restaurer vos forces pour vous préparer au printemps.
D’après mon maître de shiatsu Isabelle Laading, cette orientation consciente vers le repos, les rythmes lents, entretient nos forces vitales thésaurisées par les reins. Toute activité extérieure trop prononcée perturbe ces énergies concentrées, fragilise l’organisme et déstabilise les fonctions psychiques.
Dans la nature, tout est calme et repos. Les arbres ont perdu toutes leurs feuilles, la sève a reflué. L’eau de l’hiver n’est pas l’eau vive d’un torrent mais plutôt une eau qui s’infiltre dans la terre, qui descend vers le bas. Le froid recouvre sur terre, envahissant tout. C’est la période de la neige, de la glace, de la grêle, du givre, du vent et des pluies glaciales.
Pourtant, en hiver la vie continue sous une forme plus invisible. C’est l’énergie de la graine au repos en terre avant la germination et l’éclosion du renouveau.
A partir de fin décembre, les jours commençant à sʼallonger, lʼhiver se poursuit dans une phase plus yang jusquʼau début de février où le printemps prend alors la relève.
Conseils pour l’hiver d’après le dernier extrait du chapitre 2 du SU WEN :
Les trois mois de l’hiver sont appelés : fermer et thésauriser ;
l’eau gèle, la terre se fendille,
nulle excitation ne vient plus du YANG.
On se couche tôt, on se lève tard,
on s’en remet pour tout à la lumière du soleil.
On exerce le vouloir
comme enfoui, comme caché,
comme tourné seulement vers soi,
comme occupé à se posséder.
On fuit le froid, on recherche la chaleur,
ne laissant rien s’échapper par les couches de la peau,
de peur d’être dangereusement démuni de ses souffles.
Ainsi se conforme-t-on aux souffles de l’hiver,
la voie pour l’entretien de la thésaurisation de la vie.
*Su Wen : Huangdi neijing (Classique interne de l’Empereur jaune) aurait été conçu entre la période des Royaumes combattants et celle de la dynastie des Han (Ve siècle av. J.-C. à 230 av. J.-C.) Il constitue une somme des connaissances médicales chinoises jusqu’à l’époque de la dynastie Han. Il s’agit du plus ancien ouvrage existant sur la médecine chinoise.
3 – L’hiver et le mouvement énergétique de l’Eau,
d’après Isabelle Laading*
L’hiver est associé au Rein, au Nord, à l’eau, au froid, à la couleur noire ou bleu foncée, à la peur, à la nuit, à la vieillesse, à la saveur salée…
Caractéristiques de l’Eau
La puissance de l’Eau s’apparente à la force vitale qui travaille au sein de la graine, lorsqu’elle s’enfouit dans la terre en hiver. L’arbre est contenu dans la graine ; peut-on imaginer la force de vie cachée sous le sol gelé de janvier ? Ces milliards de turbines invisibles qui attendent l’énergie Yang du Printemps pour exprimer la vie par tous les pores de la terre. La mort n’est donc qu’apparente.
Les méridiens et organes du Rein et de la Vessie
C’est la saison où les organes Rein et Vessie sont les plus à lʼoeuvre. Le Rein en MTC est considéré en tant qu’organe particulièrement vital puisque de son énergie dépendent toutes les énergies des autres organes. Fondement de notre équilibre physiologique, de notre vigueur physique autant que de notre force mentale, les reins possèdent de multiples fonctions. Il est donc important d’avoir « les reins solides » !
Les méridiens du Rein et de la Vessie sont en rapport avec le système nerveux, la moelle et les os. Un déséquilibre de cet élément entraînera une fatigue générale, des problèmes ostéo-articulaires, urinaires ou neurologiques, des douleurs du dos voire impuissance ou frigidité.
La vessie assure la transformation et l’élimination des liquides impurs sous forme d’urine, soutenues dans cette activité par l’énergie des reins. A noter que l’énurésie des enfants est souvent liée à la peur ou à un sentiment d’insécurité (émotions liées aux reins). Il convient donc d’entourer les enfants d’attentions particulières au moment du coucher.
L’essence vitale : Les reins conservent l’essence vitale prénatale. Le potentiel de cette essence vitale décroît au fil de la vie mais il nous est possible de l’entretenir au mieux et d’en éviter le gaspillage prématuré.
Les os, les moelles, le cerveau : Notre structure osseuse, la moelle osseuse, la moelle épinière et le cerveau, sont nourris par l’énergie des reins.
Les dents, les cheveux : les dents, appelées « surplus des rein », ainsi que les cheveux, « fleurs du rein », sont nourris par l’énergie de ces organes.
La vie sexuelle : l’appareil génital de l’homme et de la femme, comme la vitalité sexuelle et le processus de reproduction est nourri et entretenu par l’énergie des reins. Les phénomènes de la puberté et de la ménopause sont aussi gouvernés par ces organes.
La gestion des liquides : la gestion de l’eau et des liquides dans le corps est en partie sous la gouverne des reins. Ils participent à leur transformation et à leur circulation.
L’organe des sens : Les oreilles sont considérées comme les « orifices du rein », et l’ouïe est la faculté sensorielle que soutient l’énergie de cet organe. Avoir l’ouïe fine va de pair avec des reins solides. Si le verbe, le chant ou la musique, si tous les sons nourrissent l’énergie du rein, le bruit l’agresse !
Etirements des méridiens du Rein et de la Vessie
Reportez-vous par exemple à l’article du blog « Makko Ho, kezako ? » et à l’exercice correspondant à la saison de l’hiver. Mais ne vous contentez pas de ce seul exercice pour les Reins, ayez plutôt une vision globale de l’énergie cyclique qui circule dans votre corps tous les jours, en passant par l’ensemble des méridiens.
Le climat de l’hiver est le froid
En cette saison, les énergies se dirigent vers le bas et l’intérieur. Le froid est Yin par rapport à la chaleur Yang. Le froid contracte, ralentit et fige. Comme l’humidité, il remonte depuis la plante des pieds vers le dos et le ventre, créant des troubles de la sphère génitale, urinaire ou digestive, entretenant la stagnation de l’eau et les douleurs lombaires. Gardez donc bien vos reins au chaud, frictionnez-les énergiquement le matin au réveil avec vos poings fermés de haut en bas, maintenez vos pieds au chaud, (quitte à mettre deux paires de chaussettes si besoin), et couvrez votre tête !
Une baie rouge
tombée
sur le givre du jardin
Shiki
L’attitude qui correspond à l’élément Eau : être debout
C’est la position verticale : Lorsque les reins sont solides, je me campe sur le sol, colonne vertébrale érigée, présent à la vie. Le trajet des méridiens reins et vessie soutient cette image, ils circulent dans les jambes et le long du dos. L’épine dorsale, appelée parfois « arbre de vie », abrite la moelle épinière, ensemble produit par l’énergie des reins. La colonne vertébrale nous donne la possibilité de grandir entre Terre et Ciel et d’affronter la vie debout, avec détermination et vitalité.
En habitant correctement son corps dans la posture debout, il est possible de réduire ou d’éviter la fatigue, et même de revitaliser les reins et les fonctions cérébrales. Il nous faut pour cela considérer les notions d’équilibre, de verticalité et de centre qui sont capitales pour se tenir debout avec un minimum d’effort. Pour réduire au minimum toute tension inutile, il faut donc rechercher la verticalité, avoir le moins possible de parties du corps en dehors de l’axe et, pour cela, trouver son centre de gravité.
Le ventre, le Tan T’ien inférieur en chinois, hara en japonais, joue un rôle capital dans notre vécu de la verticalité. Ce n’est pas l’abdomen dans son ensemble mais le bas-ventre, limité à l’arrière par le point Ming Men, entre les vertèbres lombaires 2 et 3, et à l’avant par l’ombilic. Cette région du ventre est la réserve des souffles originels, de l’énergie ancestrale, énergie primordiale de tout phénomène crée, acquise au moment de la conception. Etre « dans son hara » permet d’entretenir cette énergie vitale et de capter l’énergie subtile qui nous environne, notamment par le point Ming Men « la porte de la Vie ». Sur le ventre, à 3 cm sous le nombril, se trouve un autre point important de concentration, le point Qi Hai, ‘mer de l’énergie’. L’activité de cette zone préside à tout art martial, au Qi-Gong, au Taï- chi, à la pratique du tir à l’arc et à la méditation Zen. Se poser dans son ventre, dans toutes les activités quotidiennes, apporte un équilibre physique et psychique, le moyen d’aborder toutes les situations dans le calme et la sérénité.
La posture de l’Arbre en Qi Gong ( Zhan Zhuang Gong) incarne parfaitement cette attitude Eau « Être debout ».
Voici les points à observer de « l’intérieur » durant la pratique de l’Arbre :
- Suspension du sommet de la tête vers le ciel
- Le regard est porté loin devant
- Epaules, coudes et poitrine relâchés
- Genoux au dessus de la pointe des pieds (ne pas les dépasser!). Pieds parallèles .
- Etirer la colonne vers le haut et le bas
- Les doigts légèrement écartés, ceux du milieu pointant l’un vers l’autre
- Rétroversion légère du bassin
- Respiration abdominale lente et profonde
- Le périnée s’enracine vers le bas
- Le poids du corps est également réparti sur les pieds
Aucune articulation n’est verrouillée, tous les muscles sont relâchés, le dos est étiré.
Rentrer le menton, le bout de la langue touche le palais, les muscles du visage sont relâchés.
Le psychisme et les émotions de l’Eau
Les Reins sont le siège de la volonté et du courage, qui donnent naissance au pouvoir de détermination. Avoir « les reins solides » suppose un ancrage, un enracinement. Le fait d’entretenir l’énergie des reins permet aussi d’équilibrer notre mental et notre vie émotionnelle.
les hormones : Les hormones sont l’une des principales sources de motivation. Non seulement les hormones comme l’adrénaline, peuvent mettre à notre disposition des bouffées d’énergie si nécessaire, mais elles fournissent également, pendant toute notre vie, les stimuli pour la croissance, la maturité sexuelle et la reproduction.
Les trois domaines où les hormones ont un rôle très significatif dans la compréhension du rôle des Reins en MTC sont : le métabolisme de l’eau (les reins, sous la direction des hormones de l’hypophyse, contrôlent l’équilibre entre l’eau excrétée par le corps sous forme d’urine et l’eau restant dans les tissus), l’activité sexuelle (les hormones sexuelles sous le contrôle des Reins contrôlent le système endocrine) et la réponse au stress (si on inclut les glandes surrénales, le rein nous aide à nous adapter au stress).
La Peur : notre motivation est habituellement produite par la volonté, la capacité spirituelle de l’Eau, soit par la peur son émotion. Un déséquilibre du Rein s’accompagne souvent de la peur profonde (phobies, peurs irrationnelles) associée à l’élément Eau.
(source : Isabelle Laading : livre Les 5 saisons de l’énergie)
4 – Une diététique chinoise, pour bien soutenir votre corps durant l’hiver
L’alimentation selon la médecine chinoise ne se base pas, comme en occident, sur les apports caloriques des aliments mais sur leurs propriétés. Ils sont classés en fonction de leur couleur, de leur nature (froide, tiède, fraiche, neutre, chaude), de leur action (selon l’équilibre Yin/yang), et de leur saveur (acide, amère, douce, piquante, salée).
En hiver, pour combattre le froid et l’humidité, il est important de nourrir l’énergie des reins et des surrénales, de soutenir le cœur et la rate.en choisissant une alimentation chaude avec des protéines animales plutôt que végétales. Et plus encore que pour dʼautres saisons, mangez chaud le plus souvent possible.
L’hiver étant la saison la plus yin, nous privilégions donc en cette saison les aliments plutôt yang qui nous aideront à maintenir la chaleur du corps. C’est le moment idéal pour vous préparer de bonnes soupes de légumes bien chaudes, des bouillons, et pots au feu (dégraissés), des plats braisés et cuits au wok, notamment pour les personnes fragiles et fatiguées.
Si le froid domine, augmentez le yang par des recettes traditionnelles mijotées de daubes, cassoulets, blanquettes et pot-au-feu. Si l’hiver est doux, diminuez le yang en introduisant des aliments plus tièdes et une cuisine moins chaude.
Quelques ingrédients de saison
Les légumes : les cucurbitacées (courge, potiron et potimarron), et tous les légumes racines (carotte, navet, céleri, topinambour, chou rave, betterave rouge, pomme de terre…) chargés des qualités nutritives de lʼhiver. Pour composer vos soupes.
Les céréales et légumineuses : pois cassés, lentilles, pois chiches, tous types de haricots, soja, riz, quinoa, petit épeautre, sarrasin… Et plus particulièrement le sarrasin et l’avoine (qui ne comportent pas de gluten et sont réchauffant). Vous pouvez consommer les céréales en bouillie chaude ou torréfiées, elles seront ainsi très digestes et nourrissantes pour les reins.
Les protéines animales : jaune d’œuf, canard, poulet, porc, et des crevettes, huîtres et crabe et autres fruits de mer pour nourrir vos reins et apporter une saveur salée naturelle.
Les fruits frais et sec : limitez votre consommation de fruits crus qui refroidissent le corps. Et privilégiez les châtaignes, les poires et pommes, toutes les noix, dattes, figues sèches…
Les épices : cannelle, gingembre, la coriandre, le poivre, la noix de muscade, la badiane, l’ail…Ils apportent une nature chaude à vos préparations et améliorent ainsi la circulation sanguine, permettant à la chaleur de se diffuser plus rapidement dans votre corps. Mais n’en abusez pas car manger trop épicé déclenche la transpiration, ce qui aura l’effet inverse escompté.
Et 3 recettes réconfortantes et réchauffantes
Le gruau d’avoine aux 4 épices
pour un petit déjeuner tonifiant (à accompagner d’autres plats)
Ingrédients
Pour 2 portions :
80 g de gros flocons dʼavoine
300 ml de lait de riz ou de soja
400 ml dʼeau
1/4 cuillère à café de quatre-épices en poudre
1/2 à 1 cuillère à soupe de sirop dʼérable (selon le goût)
15 g de raisins secs
20 g de noisettes ou amandes décortiquées
1 pincée de sel.
Mélange des 4 épices (réduits en poudre) : cannelle, clous de girofle, gingembre et noix de muscade réduits en poudre.
Préparation
Concassez grossièrement les noisettes ou amandes et faites les griller à sec quelques minutes dans une poêle chaude.
Rincez les raisins secs, faites-les tremper.
Dans une casserole, faites chauffer le lait et lʼeau. A ébullition, ajoutez le sel, les quatre-épices et les flocons dʼavoine. Mélangez. Laissez cuire à feu doux pendant une dizaine de minutes en tournant régulièrement.
Éteignez le feu, ajoutez les raisins, les noisettes ou amandes torréfiées et le sirop dʼérable. Gardez dix minutes à couvert avant de servir.
Servir à la bonne consistance, légèrement épais mais non compact, et à la bonne température, chaud mais non brûlant.
La dinde au wok, potimarron, lait de coco, curry
Ingrédients
320 g de blancs de dinde coupés en dés
1 potimarron coupé en morceaux de taille moyenne
1 Coeur à soupe d’huile d’olive
1 c. à c. de curry
1 boîte de lait de coco (400 ml)
Préparation
Cuire le potimarron à la vapeur environ 10 mn, vérifier qu’i soit tendre avant de le sortir.
Saisir rapidement au wok dans l’huile d’olive chaude les morceaux de dinde. Remuer souvent. Ajouter le lait de coco, laisser cuire pendant 2 mn. Ajouter le potimarron et le curry. Servir aussitôt avec du riz ou une autre céréale.
(recette du livre « Quand la diététique chinoise rencontre la cuisine française », de Jocelyne Lukas et Nicole Fargeas – Edition du Rouergue)
Un grog sans alcool
en cas de rhumes, état grippal, frilosité…
Dans une casserole, faites bouillir 3 minutes le contenu dʼune tasse dʼeau avec 2 clous de girofle, 2 étoiles de badiane, 1 petit bâton de cannelle et une cuillerée à soupe de gingembre râpée.
Filtrez, puis versez dans un verre en ajoutant le jus dʼun demi-citron et une cuillère à soupe de miel mélangés à de la cannelle.
Buvez chaud, devant la cheminée avec un bon bouquin ou en famille !
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